Berlin… Un mot devenu synonyme de diversité, d’urbanisme et de street art. Berlin est une ville qui s’exprime à travers l’art urbain et qui respire la vie. La vie partout, sur chaque mur, coin de maison, pilier de pont, tunnel et bord de route. Surnommée la Mecque des graffitis, Berlin est fière de porter ce titre. Depuis les années 70 et 80, de la chute du Mur à nos jours, le street art berlinois est passé par plusieurs phases. D’abord une pratique pionnière symbolisée par quelques graffitis et tags, cet art s’est ensuite peu à peu industrialisé. Bien que le street art à Berlin est aujourd’hui une industrie prospère, il représente encore les expressions artistiques les plus viscérales. Lorsque l’UNESCO a proclamé Berlin “City of Design” en 2006, la ville est vite devenue un lieu d’intérêt pour les street artistes du monde entier. De nombreux créateurs ont d’ailleurs étonnant laissé leur empreinte sur les murs de cette capitale européenne. La ville de Berlin est en perpétuel développement et devient un épicentre de la vie urbaine malgré son histoire agitée, les grands bouleversements mondiaux qu’elle a connu et l’urbanisation inéluctable qu’elle vit au quotidien. Elle est maintenant l’écrin des plus beaux chefs-d’œuvre de street art qui n’attendent que d’être découverts. Laissez-vous embarquer dans ce voyage unique. Nous vous guiderons à travers les œuvres de street art les plus remarquables que Berlin a à offrir, mais gardez à l’esprit que les photographies ne sont là qu’en tant qu’illustrations et ne remplacent en aucun cas l’expérience de l’œuvre directement dans la rue. En effet, ces peintures doivent être vues in situ car c’est dans leur milieu naturel qu’elles prennent tout leur sens et que vous pourrez les assimiler. De plus, nous avons gardé secrètement quelques-unes des pièces les plus sensationnelles que nous ne dévoilons qu’à nos visiteurs, alors n’hésitez pas à réserver une visite guidée avec nous et faites l’expérience du meilleur en matière de street art berlinois!
Agostino Iacurci – L’ASPECT HUMAIN DE L’UNIFICATION
Dans le quartier de Moritzplatz, Agostino Iacurci a réalisé cette peinture murale vivante et colorée dans le cadre de l’événement We Are Creative in Puglia. L’image, réalisée dans le style qui caractérise bien l’artiste, montre les formes synthétiques de deux visages qui se font face. Le jour et la nuit se chevauchent dans un contraste de couleurs vives et sombres et dans le développement entre les deux du jaune et du vert voluptueux. Célébrant le 25e anniversaire de la chute du Mur, ce cadeau des Pouilles italiennes à Berlin symbolise la dimension humaine de l’unification. Cette œuvre est en réalité le moyen de réunir l’aspect idyllique de la nature des Pouilles et le caractère urbain de Berlin. L’artiste a voulu créer une image qui sert d’outil de communication entre la capitale internationale de Berlin et d’autres lieux dans le monde. Cette peinture murale, d’une vivacité exquise, est devenue un élément essentiel dans le street art berlinois, créant un échange entre la région italienne et la ville allemande.
Alaniz & Berlin Kidz – ENGAGEMENT SOCIÉTAL ET INTRÉPIDITÉ
Installé à Berlin, Alaniz est un créateur contemporain argentin connu pour ses peintures murales captivantes. On peut voir son empreinte dans les rues de Paris, Rome, Londres, Mexico, Madrid, Ibiza et bien d’autres. Mais aucune ville ne rivalise avec son foyer, et certaines de ses meilleures œuvres se trouvent ici même à Berlin. Au cœur de l’engagement politique et sociétal, le street art d’Alaniz brille par ses messages poignants et son style étonnant. L’artiste croit fermement que l’art doit être conçu comme une forme d’échange entre le créateur et le spectateur, et l’œuvre située dans la rue Köpenicker en est un exemple poignant. Avec un travail subtil de la matière et une finesse dans le traitement du thème, l’œuvre illustre un mouton bercé par la mort. Cette image ne peut que laisser un arrière-goût amer à tous ceux qui posent les yeux sur elle.
En dessous de la pièce d’Alaniz, il y a l’œuvre du célèbre collectif Berlin Kidz. Il n’est pas inhabituel de voir une variété d’œuvres d’artistes différents sur un même mur, certains d’entre eux collaborent, mais c’est surtout le manque croissant d’espace qui motive ce choix. Les Berlin Kidz sont des casse-cou qui aiment s’exposer au danger. On retrouve toujours leurs œuvres dans des endroits inaccessibles et risqués, là où ils se mettent en danger de se faire prendre et de tomber. Mais pour beaucoup de street artistes, c’est la monté d’adrénaline, la performance et l’illégalité des œuvres qu’ils produisent qui les font avancer.
Andreas Preis – High Profile Creator
Designer et illustrateur, vivant et travaillant à Berlin, Andreas Preis est un créateur polyvalent qui a eu l’occasion de mettre son empreinte sur le mur de Berlin au YAAM. Ayant déjà travaillé avec quelques-unes des plus grandes compagnies comme Adidas, DC Comics, ESPN, Microsoft, Nike et bien d’autres, Preis a prouvé que son niveau de compétence était incontestable. Depuis plus de 20 ans, le YAAM est l’un des espaces de rencontres les plus importants pour les amateurs de musique, d’art, de sport et d’événements sociaux. C’est un endroit chaleureux, parfait pour accueillir les œuvres d’artistes tels que Preis. La fresque du lion est une œuvre délicate qui met en valeur les compétences et le dévouement de l’artiste à son œuvre. Le regard pénétrant de la bête vous contemple au plus profond de votre âme alors que les couleurs vibrantes qui l’entourent rappellent l’origine africaine de l’animal.
Alice Pasquini – UNE FÉMINISME AFFIRMÉE
Un autre grand nom italien a laissé sa marque à Berlin, le long de la WarschauerStrasse, à côté de l’Oberbaumbrücke. Alice Pasquini a réalisé une immense fresque murale composée de six personnages alignés le long du mur. Le projet a été baptisé Suspended et montre le style emblématique de Pasquini, qui est surtout axé sur les relations entre les personnes. Cette œuvre représente une jeune femme, tirés du carnet d’esquisses de l’artiste, selon différents points de vue. Après 6 jours de travail, environ 150m2 ont été recouverts par Pasquini. La force et l’indépendance qu’affichent ces femmes sont des éléments importants du travail de l’artiste. Ce “petit” cadeau qu’elle a fait à Berlin célèbre certainement son dévouement à la féminité.
Berlin Kidz – DES TOITS DES TRAINS À L’ESCALADE DES PLUS HAUTS IMMEUBLES
Il n’est pas surprenant que l’on ne sache pas grand-chose du groupe audacieux de writers rassemblés sous le nom de Berlin Kidz. Les jeunes de Berlin Kidz sont de vrais casse-cou, sautant sur les toits des trains, grimpant sur des échelles et improvisant des techniques pour atteindre les plus hauts sommets, risquant tout pour marquer leur territoire sur de nouveaux emplacements. Ce collectif se documente à travers des vidéos qui retracent leurs aventures illégales dans la ville, mais il va sans dire que leur identité reste toujours cachée derrière des masques ou des cagoules. The Whole House, un de leurs plus gros projets, consiste à recouvrir de leurs tags la totalité de la façade d’une maison. Cette extraordinaire aventure a été documentée dans une de leurs vidéos. C’est à chaque fois une véritable montée d’adrénaline de les voir escalader les bâtiments, monter sur les toits des transports en commun, échapper à la police et juste… faire leur truc.
Alaniz – AU PROFIT DE LA COMMUNAUTÉ
Alaniz est souvent surnommé le Banksy de Berlin, même si la plupart du temps les artistes préfèrent se considérer comme des artistes originaux, ou du moins comme ayant leur propre personnalité créative. Quoi qu’il en soit, Alaniz a un style tout à fait unique et très différent de celui de Banksy. Pour illustrer ce propos, prenons comme exemple l’œuvre réalisée dans la SchwedterStraße. Cette pièce, tout à fait remarquable, représente un loup qui rôde sur la façade latérale d’un bâtiment. Même si Alaniz essaie de rester anonyme et d’éviter de révéler son identité, il ne voit pas son art comme quelque chose d’illégal. Alaniz parle de son travail comme d’une faveur accordée à la société. On ne peut qu’être d’accord avec lui, après tout, il suffit d’imaginer la grisaille et l’opulence de Berlin si elle n’avait pas été agrémentée de toutes ces œuvres de street art qui font de la ville ce qu’elle est aujourd’hui.
Blu – PROVOQUER UN DISCOURS SOCIAL
Récemment, nous avons écrit un article sur la venue de Blu à Berlin qui commente quelques-unes de ses pièces les plus emblématiques à Berlin et l’acte controversé d’effacer l’un d’entre elles. Mais l’une de ses plus belles œuvres restées en place est celle appelée Mur. L’art de Blu est entièrement fondé sur de profonds commentaires sociaux et aucune de ses pièces n’est exécutées sans raison valable, c’est-à-dire sans un message significatif derrière. La fresque de la KöpenickerStrasse représente un mur qui tombe un bloc à la fois, et à mesure qu’il tombe sur le sol, il réapparaît sous forme de billets de banque en euros. Cette œuvre ouvre la question évidente de la position politique de Berlin comme capitale majeure de l’Union Européenne et nous invite à réfléchir à ce qui s’est réellement passé au fil des années entre la chute du Mur de Berlin et aujourd’hui…
JR – LES RIDES DE BERLIN
Les rides de la Ville est un projet mondial qui a rassemblé de nombreuses villes, depuis La Havane et Los Angeles jusqu’à Carthagène, Shanghai et finalement Berlin, la capitale du street art. L’envergure de ce projet a été épique à tous les points de vue : la taille des œuvres d’art, la variété des villes incluses, le nombre de personnes devenues les modèles de JR et immortalisées sur les murs des villes…
Il était légitime que Berlin reçoive quelques traces de ce projet massif. En réalité, c’était plus de 15 bâtiments et façades sur lesquels l’artiste français y a apposé ses collages dans le cadre du projet. L’une des pièces les plus marquantes est celle qui se trouve à Am Postbahnhof, où une vieille tour a été ornée de l’œuvre de JR. Elle montre une personne âgée s’étirer, et d’une certaine façon, il s’en dégage une sensation positive, comme si tout espoir n’était pas perdu…
JR – CÉLÉBRER LES GÉNÉRATIONS PLUS âGÉES
Berlin étant souvent considérée comme la capitale européenne de la jeunesse, le projet Les rides de la Ville prenait tout son sens pour JR et les berlinois. Ce projet global a été conçu pour représenter les personnes âgées, celles qui ont vécu les changements et les bouleversements. L’objectif du photographe est de capturer un moment et une expression de leur histoire, liée à jamais aux rues dans lesquelles ils ont vécu. Il est intéressant de noter que cette œuvre, située dans la Invalidenstraße, n’affiche pas un portrait, mais une main. La main tient une pancarte symbolisant généralement le “côté ouest”. Il est évident que la main n’appartient pas à un jeune membre d’un gang, mais plutôt à une personne âgée qui a probablement été témoin de la division de Berlin et de la glorieuse unification de l’Est et de l’Ouest.
Karl Addison – UNE TECHNIQUE UNIQUE ET UN STYLE ÉPOUSTOUFLANT
Voilà quelque chose de différent. Karl Addison est un individu unique en son genre, compte tenu de son style et de ses techniques. L’artiste exécute de petits traits en hachures qui forment une image et qu’il fait se déployer sur tout un mur pour former une fresque à grande échelle. Cette magnifique œuvre de la Klosterstraße est surnommée 14 Queues et a été créée en utilisant un mélange de sérigraphie et de l’utilisation de la théorie des couleurs par l’artiste. Ce qui en résulte est stupéfiant : 14 carpes Koï aux couleurs vibrantes et éclatantes sur fond noir. Sa technique donne réellement vie à ses poissons surdimensionnés qui jaillissent pratiquement du mur. Cette peinture murale est un véritable joyau du street art berlinois, réalisée d’une façon tout à fait unique. L’artiste dirige également la galerie Idrawalot à Berlin, qui offre aux artistes une résidence dans la ville et une grande variété de médiums et de disciplines.
Haus Schwarzenberg – REPÈRE EMBLÉMATIQUE DE L’HISTOIRE DU STREET ART
Certes, il y a des quartiers et des joyaux du street art plus récents et infiniment plus modernes à Berlin, mais il y a encore quelque chose de captivant dans les vieux vestiges de Haus Schwarzenberg. Même s’il a été construit de la même manière que tous les bâtiments environnants, ce lieu a réussi à conserver autant que possible son état d’origine d’après-guerre. Au cours d’une longue et tumultueuse histoire, l’immeuble a eu plusieurs vies. Il a d’abord été une manufacture qui a servi à cacher des Juifs pendant la guerre, puis s’est transformé en une entreprise de cinéma et de télévision pour finalement devenir un repère commercial. Haus Shwarzenberg est aujourd’hui un lieu important de l’histoire et un indicateur du progrès de la société berlinoise. Des couches successives de street art ont aussi marqué cet endroit. Dirigé par une association à but non lucratif, l’espace est devenu une toile vierge dédiée à la créativité et l’expression artistique. Une collection unique de street art se trouve dans ce lieu où règne toujours une atmosphère mystique.
Various & Gould – UN MÉLANGE DE DIVERSES INFLUENCES
Le duo d’artistes Various & Gould ont passé 12 jours à créer cette remarquable fresques qui se trouve à seulement 80 mètres l’ancien Mur de Berlin. L’œuvre est un mélange de diverses influences et imite la diversité toujours plus croissante que connaît Berlin. Cette première œuvre offerte à Berlin par le duo est une très belle pièce ! Comme dans leurs œuvres précédentes, l’ambiguïté de la figure dépeinte vise à susciter des questions d’identité et d’origine. Il est intéressant de noter que c’est l’une de leurs plus grandes réalisations ; des amis et même des étrangers se sont joints aux artistes pour les aider à réaliser une fresque d’une telle ampleur. Surpris par la générosité et la gentillesse d’inconnus, Various & Gould étaient heureux de tous les voir contribuer à cette imposante peinture. De plus, leur technique de points en demi-teintes demande beaucoup de travail. Cette œuvre a repris le nom de la série dans laquelle elle a été réalisée, Face Time, étant certainement la plus extraordinaire de toutes!
ALANIZ ET VHILS AU YAAM – RÉBELLION VS SUCCÈS COMMERCIAL
Deux des street artistes les plus en vue ont-ils leurs œuvres côte à côte ? Oui, ça se passe au YAAM. La création par la destruction, voilà la manière la plus appropriée de décrire l’œuvre unique de Vhils. Son art et le processus créatif sont époustouflants. La marque Levi’s a collaboré avec l’artiste portugais pour créer une série de fresques dans le cadre de leur campagne intitulée Go Forth. L’idée générale de ce projet était de représenter une série de portraits de “pionniers des temps modernes” locaux. L’un d’entre eux a atterri ici même au YAAM, surplombant le bord de la rivière.
Juste à côté du portrait de Vhils, un autre géant du street art a laissé sa marque. Alaniz a réalisé une œuvre monumentale qui est devenu l’une de ses plus grandes peintures au rouleau à Berlin. L’œuvre, composée d’un groupe de manifestants, s’appelle Protesta : plus qu’un droit, une obligation. Elle est le symbole de l’esprit de rébellion et d’audace de l’artiste. Il est curieux de pouvoir trouver des pièces aussi différentes les unes à côté des autres, l’une réalisée pour la campagne publicitaire d’une grande entreprise, et l’autre créée comme une itération de l’esprit rebelle contre l’autorité… Mais, après tout, c’est peut-être la meilleure preuve de la diversité de la ville, incarné ici par le street art….
Victor Ash – PLUS QU’UNE SIMPLE EXPRESSION VISUELLE
Quel est le plus grand dessin au pochoir du monde ? Eh bien, vous le regardez. Il s’agit de la fresque de 22 x 14m créée par Victor Ash en 2007. A ce jour, elle reste l’une des œuvres les plus célèbres de l’artiste portugais. Comme l’a lui-même commenté Ash, son travail est plus qu’une simple expression visuelle, il vise à être un discours social sur un sujet qui l’inspire. En ce qui concerne l’astronaute, l’artiste s’est inspiré de la guerre froide et de la course spatiale entre l’Amérique et l’URSS. Cette lutte s’est poursuivie bien au-delà des simples soldats et même de la Terre, elle s’est déroulée dans une autre dimension. Alors que l’astronaute s’éloigne en apesanteur, les lignes qui coulent par terre semblent le retenir, créant un lien indissoluble avec la Terre (après tout…).
MUR DE GLOIRE – UNE MOSAÏQUE DE PERLES DU STREET ART
Couche après couche de pochoirs et de collages, ce mur de gloire forme une mosaïque complexe d’influences, de styles, de messages et d’artistes variés. Graffiti Wall of Fame de Berlin est l’un des lieux incontournables de toute visite guidée de street art car il témoigne depuis longtemps de la culture urbaine qui prévaut dans la ville. On peut y reconnaître divers personnages tels que kanji, Stanley Kubrick, Charlie Chaplin et différents symboles reconnaissables de la culture pop. Vous pourriez passer un certain temps à essayer de discerner et de comprendre chaque symbole, chaque célébrité et chaque image qui se cachent dans cet amoncèlement de collages. Prenez votre temps pour l’explorer, mais soyez prévenu, la prochaine fois que vous admirerez ce mur, de nouvelles couches pourraient recouvrir les anciennes.
STREET ART BERLINOIS – L’ ME URBAINE DE LA VILLE
Peu importe sa popularité ou sa rentabilité pour certains, le street art demeure l’une des formes les plus sincères d’expression artistique. Il contourne les normes institutionnalisées du monde de l’art, ne se soucie pas des critiques, des galeries, des musées ou des marchands d’art. Le chemin le plus court entre l’artiste et le public, le moyen le plus rapide d’établir un lien entre l’œuvre et le spectateur, passe par le street art. Une fois que l’on pose sur le mur le tag, la fresque, le pochoir, le graffiti ou toute autre forme de street, il reste accessible à tous. Il n’y a pas de frais d’entrée, pas besoin de billets ou de réservations, tout ce qu’il vous faut c’est un peu d’informations et un esprit ouvert. Nous venons de vous donner un aperçu de quelques-unes des plus belles pièces de Berlin, mais pour vraiment faire l’expérience du street art tel qu’il devrait être vécu, vous devez le voir, l’absorber, le considérer comme une partie intégrante de l’âme urbaine de la ville.